TAPISSERIE FLAMANDE DE LA FIN DU XVIe-DÉBUT DU XVIIe SIËCLE Atelier Bruxellois


TAPISSERIE FLAMANDE DE LA FIN DU XVIe-DÉBUT DU XVIIe SIËCLE Atelier Bruxellois
En laine, à décor de grotesques sur un fond cramoisi, le décor rythmé par trois portiques, deux personnages élevés sur un piédestal, l''homme tenant un glaive, la femme une croix, de part et d''autre d''une arche surmontée d''une treille et laissant apercevoir un paysage de verdure animé d''un homme tentant de dompter un cerf, parmi des vases fleuris, putti, animaux, draperies et trophées ; les bordures manquantes
Dimensions : 260 x 445 cm (102 1/4 x 175 1/4 in.)

Bibliographie comparative :
Guy Delmarcel, La Tapisserie Flamande, Paris, 1999
La Revue du Louvre et des Musées de France, n°3, 1961, pp. 97-116.

A Brussels Grotesque tapestry, late 16th-early 17th century

Cette tapisserie combine des motifs de grotesques d''inspiration italienne et les décors de verdures ou de jardins à pergola dans lesquels se déroulent des scènes mythologiques créées à Bruxelles aux XVIe et XVIIe siècles.
La mode des grotesques se répandit à la suite de la découverte vers 1480 du Daumus Aurea de l''empereur Neron. De nombreux artistes descendirent dans les " grottes " abritant le palais de Neron et purent admirer ses décors foisonnant de fantaisie, de lyrisme, leur liberté de construction et de formes ne correspondant à aucun mode d''ornementation connu jusqu''alors, nourrissant alors ainsi leur imagination. Raphael (1483-1520) s''en inspira pour les logge du Vatican tandis que ses disciples tels que Perino del Vaga (1501-1547) ou Giulio Romano (1499-1546), les diffusèrent, notamment dans le domaine de la tapisserie en fournissant des modèles aux ateliers bruxellois. Ainsi Giulio Romano créa une tenture des Douze mois Grotesques dont un exemple tissé par Cornelis de Ronde (d. 1569) est conservé à Vienne (L. Baldass, Die Wiener Gobelinssammlung, Vienna, 1920, vol. I, cat. 126). Cette tenture servit encore plus d''un siècle plus tard de modèle à la manufacture des Gobelins quand celle-ci la copia en 1686-87 pour le Trianon.
Le thème des grotesques apparut tout d''abord sur les bordures de tapisserie et prit rapidement place dans le décor principal. Plusieurs centres en Flandres produisirent des tapisseries à grotesques, tels que Bruxelles, Bruges ou Anvers.
Les exemples connus exécutés par les ateliers de Bruges dans la seconde moitié du XVIe siècle reprennent le principe de décor rythmé de portiques et de grotesques de part et d''autre d''une scène centrale. Nous pouvons citer la tapisserie conservée au Musée des Beaux Arts de Besançon(1), une tapisserie passée en vente chez Christie''s en 1990(2) ou encore une autre vendue à Drouot en 1996(3). Toutes trois sont ornées d''une bordure à motif de vases de fleurs et fruits et rinceaux de végétaux animés d''animaux et grotesques.
Notre tapisserie fit partie de la collection Charles Mège. Elle est reproduite dans un article de la revue Les Arts en 1909(4). Elle y est alors dite italienne, datée du début du XVIIIe siècle, et est munie de ses bordures aujourd''hui manquantes. Elles représentent les quatre éléments et furent créées pour Philippe II d''Espagne pour une tenture de la Vie de Noé à partir de 1563. Ces fameuses bordures " zoologiques ", les animaux symbolisant les éléments, seront utilisées pendant un demi-siècle.
Elles sont dues au peintre Michel Coxcie (1499-1592) qui après un apprentissage auprès de Bernard Van Orley (vers 1488-1541) séjourna longuement en Italie où il est mentionné par Vasari. Peintre de patrons et de cartons, il quitta Malines en 1543 pour s''installer à Bruxelles où il résida jusqu''en 1577. Son style imprégné d''art italien lui valut le surnom de " Raphael flamand ".
Plusieurs tisserands bruxellois vinrent s''installer à Anvers dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Ce fut le cas de Josse van Herzelle à qui l''on doit les Grotesques aux scènes bibliques, ornées des mêmes bordures, datées vers 1585, dont une pièce est conservée au Rijskmuseum à Amsterdam(5).

Collection Charles Mège
Saluée par Gaston Migeon dans un article de la revue Les Arts en 1909(4), la collection de Charles Mège fut jugée suffisamment importante par les amateurs pour être exposée en 1889 à l''Exposition d''art rétrospectif au Palais du Trocadero : elle se présente ici à peu près en son entier, et prouve que, sans nulle défaillance, le choix a été fait avec une sureté de goût, une intelligence, un sentiment du caractère et de la beauté des choses tout à fait rares […] résultat des flâneries dans les bons coins de Paris, des voyages en Allemagne il y a trente ans, soit dans les années 1870-80. Composée de quelques tableaux, mais essentiellement de sculptures des écoles italiennes, allemandes, flamandes et françaises du Moyen Age et de la Renaissance, elle comporte également plusieurs très beaux exemples de tapisserie des XVe et XVIe siècles dont fait partie la nôtre, mais pas seulement.
En effet, la donation que fit Melle Elisabeth Mège au Louvre en 1958 illustre son éclectisme, venant enrichir non seulement les collections de peintures et de sculptures mais aussi les départements d''art égyptien, des antiquités grecques et romaines, des objets d''art et des dessins.
C''est ainsi que, par exemple, le célèbre groupe en ivoire représentant l''arrestation du Christ, vers 1320-1330, entrât dans les collections nationales. Plusieurs musées à l''étranger possèdent des œuvres provenant de la collection Mège, tels que le Metropolitan Museum ou le Detroit Institute of art.

1. Illustrée dans Guy Delmarcel, La Tapisserie Flamande, Paris, 1999, p. 182
2. Christie''s New York, le 1er novembre 1990, lot 214
3. Vente à Paris, Hôtel Drouot, Million Robert, le 6 décembre 1996
4. Gaston Migeon, Les Arts, revue mensuelle des Musées, Collections, Expositions, collection de M. Ch. Mège, n°86 février, 1909, p 19.
5. Illustrée dans Guy Delmarcel, La Tapisserie Flamande, Paris, 1999, p. 177

Veuillez noter que cette tapisserie n''est pas celle de la collection Mège, qui elle est conservée au musée du Louvre et se différencie de la notre par un fond jaune et la présence des bordures.
Please note that this tapestry is not the one from the Mège collection, which is preserved in the Louvre museum and differs from ours with its yellow background and the presence of the borders.






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